Invité Claire Posté(e) le 5 mai 2017 Posté(e) le 5 mai 2017 Bonjour, Je suis actuellement étudiante en 3ème année d'ergothérapie à l'IFE de Montpellier et je réalise mon mémoire sur la mise en place de la communication auprès des patients cérébrolésés en phase d'éveil de coma et notamment sur l'intérêt du travail entre les professionnels et la famille. J'ai déjà interrogé une orthophoniste et une ergothérapeute sur leur rôle dans cette étape et j'aurais aimé savoir l'apport d'un neuropsychologue. Les deux questions que je me pose c'est quels sont les rôles et objectifs d'un neuropsychologue dans ces unités et plus précisément dans la mise en place de la communication. (si vous avez des expériences de travail avec les 2 autres professionnels que j'ai cité je suis preneuse aussi ) Merci par avance de vos réponses ! 6 Quote
Gregoire Posté(e) le 5 mai 2017 Posté(e) le 5 mai 2017 Bonjour Claire, Sujet très complexe (mais surtout très intéressant ) ! Avec quelques collègues, nous étions justement entrain de creuser la question de la spécificité que peut avoir le neuropsychologue dans cette problématique, et présenteront une communication affichée lors des prochaines journées de la Société de Neuropsychologie de Langue Française. Tu as du t'en rendre compte dans tes recherches : il s'agit d'un domaine ou les pratiques sont encore balbutiantes et il existe assez peu (voire pas) de protocole très standardisé au niveau de la prise en charge et du rôle de chaque profession auprès de ces patients et de leur famille. Globalement, d'après mon expérience et mes lectures je dirais qu'il s'agit d'une approche très intégrative et trans-disciplinaire ou chaque professionnel croise et partage ses compétences en vue d'améliorer la compréhension et le suivi de ces patients particuliers. Le neuropsychologue apportera peut être plus ses connaissances en neuroanatomie fonctionnelle et en évaluation cognitive et sera un peu plus sensible a d'éventuels "profils cognitifs" sous-jacents à l'état de conscience (repérer la présence d'une hémianopsie ou d'une héminégligence par exemple), il pourra également aider grâce à son appréhension des dimensions psycho-affectives. Enfin, de par sa place particulière "transversale" dans l'équipe, il pourra contribuer efficacement aux échanges et la compréhension entre équipes/famille/patient. Dans le service ou je travaille, nous accueillons quelques patients en éveil de coma. En général, je bosse en binôme avec l'ergo et parfois l'orthophoniste. Nous utilisons des outils d'évaluation spécialisés pour aider à estimer le degré de conscience, préciser le profil, identifier les éventuels canaux de communication préservés et suivre l'évolution. Le binôme permet de favoriser les interactions dans une situation plus "naturelle" qu'en face à face, et permet aussi d'améliorer la précision des observations en minimisant la subjectivité. Au delà de l'évaluation, globalement on essaie : d'établir un contact (puis de le maintenir et de le développer) de mettre en place dès que possible un système de communication le plus fiable possible. Ce qui est loin d’être évident… les classiques « serrez moi la main » ou « clignez une fois des yeux pour dire oui » fonctionnement généralement très mal à cause des phénomènes "parasites" que sont le grasping pour la main, et l’aspect spontané/aléatoire des clignements pour les yeux. Il est cependant primordial de trouver des moyens plus fiables car autrement cette « fausse communication » peut avoir des conséquences néfastes pour le patient et son entourage. Lorsque l'on a pu identifier un mode de communication relativement fiable, on tente de le solliciter en situation concrète en impliquant l'équipe et l'entourage pour généraliser la méthode, en tentant de favoriser l'expression de ses besoins ou de ses préférences et en utilisant les centres d’intérêt du patient pour essayer de l'amener à une situation d'échange. Au-delà de ça, globalement on essaie de "stimuler" le patient de manière raisonnable et adaptée (à son profil sensori-moteur/cognitif et à sa moindre disponibilité attentionnelle), on s’inspire de l'approche de régulation sensorielle qui parait bien plus pertinente que la seule "stimulation" (voir travaux de RL Wood pour illustration) Après, tout cela est très variable car chaque patient est un cas particulier bien sûr. Voilà pour quelques éléments ! Pour ma part je serais trés intéressé de connaitre les suites de ton travail, dans la mesure ou il complète bien celui que nous sommes en train de mener de notre coté. N'hésites pas à nous donner des nouvelles 8 Quote Grégoire WAUQUIEZCHU de Dijon - Pôle rééducation Resp. commission "Liens avec les associations locales/internationales" Vice-président de l'APNB
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