Invité Nicodo Posté(e) le 5 avril 2017 Posté(e) le 5 avril 2017 Bonjour à toutes et à tous J'ai une nouvelle question quelque peu théorique. Pour la rédaction d'un exposé, j'ai besoin de faire un court rappel sur les conditions qui permettent l'acquisition des savoir-faire comportementaux tels que la pratique du vélo, la natation, la danse, etc., de ces compétences qui ne sont pas innées comme la marche ou la course. Je soumets donc à votre sagacité mes premières réflexions : Chose triviale, cela suppose une perception sensorielle précise des stimuli au niveau des organes et des membres impliqués : la vue bien évidemment, l'ouie si possible, la perception de sa posture, de ses efforts et de son état d'équilibre, etc. On le voit pour les petits enfants commençant le vélo : soit ils sont facilement distraits par ce qui se passe autour d'eux et perdent le sens de leur posture corporelle, soit ils n'ont pas encore de sensations suffisamment coordonnées pour tenir en équilibre, pour interpréter les stimuli qu'ils reçoivent, etc. Il faut aussi une base comportementale instinctive même pour les pratiques qui n'ont rien de naturel comme pas mal de sports : le maintien de l'équilibre, la capacité de se projeter en avant, d'attraper un objet au vol, etc. Il faut enfin un apprentissage plus ou moins long, bien entendu, pour cultiver à la fois les perceptions sensorielles et les réponses comportementales adaptées. Merci d'avance de vos lumières. Nicodo Quote
Invité Nicodo Posté(e) le 12 avril 2017 Posté(e) le 12 avril 2017 J'ai oublié de mentionner une condition qui va de soi mais qui me parait importante : Il faut avoir la motivation. Cordialement Nico Quote
Julie S Posté(e) le 12 avril 2017 Posté(e) le 12 avril 2017 Bonjour, J'ai hésité à répondre parce que le qualificatif "comportementaux" ne me parlait pas beaucoup. En fait dans votre description, ça rassemble ce qui a trait au corps, à la motricité, aux procédures gestuelles, aux apprentissages sportifs. Personnellement, je mets derrière le comportement d'autres composantes (liens avec les normes sociales, attitude avec autrui, communication etc.) C'est une question de termes mais je m'enferme peut-être moi même dans les miens Pour en revenir à vos réflexions : * Effectivement, comme vous les énoncez, il apparaît nécessaire des présupposés de base, alliant la perception de l'environnement (les 5 sens), la perception de son corps (schéma corporel, proprioception etc.) et des interactions possible entre les deux : connaissances des schémas moteurs (quelles actions possibles avec quel objet, utilisation de l'espace...), coordination visuo-motrice, dextérité etc. Pour le détail des capacités physiques de base nécessaires je ne pense pas être la mieux placée pour en parler (prof d'activité physique ? kiné ? psychomotricien ?) * Ensuite, afin de faciliter l'étape d'apprentissage, je pense que vont être nécessaires différentes sphères : la compréhension (langage), la reconnaissance et le séquençage de l'action, les capacités d'imitation, la motivation et notamment le but à atteindre, les capacités attentionnelles et évidemment de mémoire. * Plus précisément, au niveau mnésique, nous distinguons une mémoire dite "procédurale" : elle consiste à réaliser d'abord de manière volontaire et consciente des phases motrices, puis une phase de répétition pour l'apprendre (toujours les mêmes gestes pour éviter des interférences) et si possible répétée dans la durée et non massée au même moment (un peu tous les jours par ex pour le consolider à long terme), de manière à ce que cet apprentissage moteur acquière un côté automatique : il est plus rapide, il n'a plus besoin de passer par la réflexion et la conscience attentive. ==> Avez-vous déjà essayé de réfléchir à comment positionner vos jambes/pieds quand vous descendez un escalier ? c'est un coup à se casser la figure !! Pourtant, au début vous avez appris cette procédure, qui nécessitait toute votre attention, vous alliez lentement, un pied après l'autre etc. Je ne sais pas si ça peut répondre ou étayer vos réflexions, peut-être que d'autres professionnels pourront vous orienter ! Bonne continuation 5 Quote Julie STEPHAN EHPAD et Libéral - Cosne-Cours-Sur-Loire (58) Formatrice occasionnelle (IPMR, IFSI, IFAS) Ancien membre du CA de l'OFPN
Invité Nicodo Posté(e) le 12 avril 2017 Posté(e) le 12 avril 2017 Merci de votre réponse. Je n'ai que des connaissances limitées en psycho et en neurologie, celles d'un amateur. Je rédige un essai où, pour les besoins de mon argumentation, je fais un exposé succinct sur la question et je ne voudrais pas dire trop de sottises. Je retiens donc de ce que vous dites que le terme “comportemental“ n'est pas tout à fait approprié à mon propos. Je parle en effet des savoir-faire gestuels et pratiques qui peuvent aller des plus innés comme la marche aux plus “culturels“ comme les sports tels que le tennis ou le foot, en passant par la natation, la course ou le saut qui sont à mon sens un peu entre les deux. On peut aussi inclure une foultitude de petits savoir-faire qu'on voit les enfants assimiler progressivement comme s'assoir sur une chaise, s'habiller, enfiler ses chaussettes, lancer une balle ou un caillou, etc. Ils font spontanément le bon geste mais pas de façon performante. Je sui d'accord avec vous : il vaut mieux ne pas réfléchir à ce qu'on fait même quand on marche. Vous confirmez donc le premier requisit perceptif que je mentionnais. En ce qui concerne le langage et la compréhension de type cognitif il me semble que c'est assez variable en fonction des types d'apprentissage. Quand un enfant apprend le vélo, le langage intervient assez peu. Il ne comprendrait pas les instructions. Je voudrais revenir sur la base instinctive (je ne sais pas si c'est la bonne formulation) : par exemple le sens et de l'équilibre et la coordination peuvent être plus ou moins bons selon les individus et pour un même individus selon l'âge ou d'autres facteurs. Cela peut faire la différence pour les performances sportives. En ce qui concerne l'apprentissage, je n'ai pas besoin d'entrer dans les détails. J'ai juste besoin de lister les conditions de base nécessaires pour apprendre d'abord et pratiquer ensuite un savoir-faire. Ceci dit, si l'on prend l'exemple de sports comme le tennis ou le foot, n'y a-t-il pas aussi un aspect comportemental ? Il y a une part importante de communication, par le langage corporel entre autres, avec l'adversaire (souvent pour le leurrer) et avec les équipiers. Il peut y avoir une part de performance d'acteur, voire de cabotin. Pour résumer, est-ce que ma liste de requisits est correcte et complète : perceptif instinctif d'apprentissage motivationnel Merci d'avance Auriez-vous des commentaires sur mon autre sujet "Ecrivain" (j'ai raté le titre à donner). Nico Quote
IsabelleV Posté(e) le 13 avril 2017 Posté(e) le 13 avril 2017 Il y a 9 heures, Invité Nicodo a dit : Je parle en effet des savoir-faire gestuels et pratiques qui peuvent aller des plus innés comme la marche aux plus “culturels“ comme les sports tels que le tennis ou le foot, en passant par la natation, la course ou le saut qui sont à mon sens un peu entre les deux. On peut aussi inclure une foultitude de petits savoir-faire qu'on voit les enfants assimiler progressivement comme s'assoir sur une chaise, s'habiller, enfiler ses chaussettes, lancer une balle ou un caillou, etc. Ils font spontanément le bon geste mais pas de façon performante. Je parlerai de praxies. Quote Isabelle Verlut
Invité Nicodo Posté(e) le 13 avril 2017 Posté(e) le 13 avril 2017 Je ne connaissais pas le terme praxie (ou je l'avais oublié). Curieusement il n'y a pas d'article dans Wikipedia ni en français ni en anglais. Par contre il y a Praxie dans le Wiktionnaire mais qui ne m'avance guère. J'ai aussi trouvé LES DYSPRAXIES qui nous dit : « Une praxie, c’est : Une coordination motrice volontaire, orientée vers un but, issue d’un apprentissage. C’est la capacité de planifier et d’exécuter séquences de mouvements (=gestes) pour atteindre un objectif. Construction d’une praxie : Acquisition après un temps variable d’apprentissage et d’expérimentation par essais/erreurs. » Les choses deviennent tout de suite plus faciles quand on a le bon terme. Durant les années 90 j'ai été formateur en bureautique à une époque où pas mal de gens n'avaient jamais de leur vie touché un clavier (même de machine à écrire) et une souris. J'ai eu plusieurs cas de personnes ayant des difficultés d'apprentissage juste pour des questions de praxie. En particulier quelqu'un n'a jamais été capable d'utiliser la souris durant tout le stage parce qu'elle était excessivement crispée. Pour cliquer, au lieu d'appuyer sur le bouton de la souris, elle ne pouvait pas s'empêcher de frapper assez brutalement dessus, ce qui avait pour effet secondaire de faire légèrement bouger la souris et donc pour le système ce n'était pas un clic. Il lui était donc tout simplement impossible de cliquer sur un bouton à l'écran. J'ai essayé de l'inciter à se détendre et à manipuler la souris avec souplesse. Elle n'y est pas parvenue. Cela dit, est-ce que vous êtes d'accord avec ma liste de requisits, en partilculier sur le plan perceptif ? Cordialement Nico Quote
Invité Nicodo Posté(e) le 13 avril 2017 Posté(e) le 13 avril 2017 En regardant Troubles des apprentissages scolaires je m'aperçois que j'avais oublié un éléments trop évident : la finalité de la praxie. Elementary my dear Watson. Cela dit on peut apprendre des choses qui n'ont pas de finalité pour soi-même. Comme je ne suis pas un perdreau de l'année j'ai fait mon service militaire… si, si, je vous jure et, tenez-vous bien, comme Grenadier-Voltigeur. Ça ne s'invente pas. Étant assez bien coordonné (à défaut d'autres capacités) je n'avais pas de difficulté à assimiler les gesticulations tant prisées par les militaires : le pas cadencé, la présentation des armes, et autres simagrées du culte de leur auto-satisfaction. Je me revois, au petit matin, durant les séances d'instruction dans l'arrière-cour de la caserne, à proximité du tas de charbon, les pieds dans la neige, sous un ciel couleur tuberculose, obéissant aux ordres aboyés par le sergent instructeur et regardant d'un air pensif les corbeaux qui nous survolaient en croassant. C'est le genre de situation où même les corbeaux doivent penser au suicide. En attendant ils se contentaient manifestement de se foutre de notre gueule… et à juste titre. Et je me suis fait rappeler à l'ordre par le sergent avec la courtoisie militaire que l'on imagine : tout en faisant ces singeries dépourvues de toute signification et ne donnant aucune forme de résulat pratique je ne devais pas regarder en l'air (les corbeaux) mais droit devant moi, c'est à dire rien. Le message était clair : je devais mettre de côté tout ce qui faisait que j'étais un être humain, l'intentionnalité, l'intérêt, la curiosité, etc. Je devais être un automate. Se pose donc la question de la finalité. Ni ce que je faisais ni ce que je devais regarder n'avaient de sens pour moi : c'était obéir ou me retrouver le soir même au gnouf. Transaction simplissime. Est-ce qu'un cheval de course sait pourquoi il s'époumone sur le circuit ? Il court parce qu'il a été dressé pour ça et qu'il est très bon. J'étais dressé pour faire dans un costume ridicule des actions totalement inutiles… et j'y arrivais assez bien. À telle enseigne que j'ai été sélectionné pour défiler le 14 juillet deux fois : le matin et l'après-midi, une des journées noires de mon existence. Bref, à mon sens, peut-être paradoxalement, comme j'ai pu apprendre des choses qui non seulement n'avaient aucun sens pour moi mais qui ne servaient à strictement rien sinon pour me donner en spectacle à des imbéciles qui me méprisaient totalement, la finalité de la praxie n'est pas un requisit absolu. On peut apprendre des choses pour rien et y arriver assez bien. Nico Quote
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