Un centre d'expertise pour évaluer la stimulation cognitive
Face au développement des outils et méthodes de stimulation cognitive, un centre d'expertise national, Cen Stimco, monte progressivement en puissance pour apporter un éclairage scientifique sur ces béquilles du cerveau parfois très sophistiquées, et en faciliter l'accès.
Le marché mondial de la stimulation cognitive devrait atteindre 8 milliards de dollars en 2015, selon la neuropsychologue Jocelyne de Rotrou (hôpital Broca, AP-HP).
Quand une personne a des difficultés de mobilité, on comprend très bien qu'elle a besoin d'un fauteuil roulant pour l'aider à se déplacer. Dès lors qu'on est dans la sphère cognitive, les choses sont un peu plus compliquées, explique à l'AFP le Dr Serge Reingewirtz, directeur du Cen Stimco.
On peut compenser des troubles de la mémoire par des rappels de tâches, des aides techniques, mais on peut aussi essayer de les compenser en mobilisant les ressources restantes, poursuit le gériatre.
Samuel Benveniste, responsable Technologies du centre d'expertise, donne l'exemple d'un projet de salle de bain instrumentée, dont l'ambition est de proposer à un patient de type Alzheimer la séquence des actions à faire, lui permettant de se laver les mains en diminuant le recours à un aidant.
L'objet du Cen Stimco, premier centre d'expertise en stimulation cognitive au monde, est de servir d'interface entre chercheurs, industriels, prescripteurs et utilisateurs.
Notre première démarche, c'est de bien comprendre les attentes de chacun pour pouvoir les répercuter vers les autres, indique le Dr Reingewirtz.
On a commencé par un état de l'art, c'est à dire mettre à plat toutes les informations connues et les rendre accessibles à tout le monde. Il se traduit par l'édition de fiches pratiques consultables sur le site www.censtimco.org.
Des champs d'application très larges
En parallèle, le Cen Stimco a instauré une veille technologique, avec l'objectif de créer une base de données sur toutes les aides techniques et méthodes de stimulation cognitive.
A terme, il souhaite être en mesure non seulement d'évaluer les outils proposés, mais aussi de les labelliser. La mise en place d'un label est un objectif à trois ans. Elle nécessite une démarche scientifique extrêmement rigoureuse, précise le Dr Reingewirtz.
Samuel Benveniste témoigne de la difficulté à établir formellement les effets des méthodes de stimulation. En musicothérapie, par exemple, on voit des effets, mais ils sont extrêmement difficiles à caractériser, à quantifier, souligne-t-il.
Les champs d'application de la stimulation cognitive sont très larges. Les premiers qui viennent à l'esprit sont les personnes atteintes de pathologies cérébrales, comme la maladie d'Alzheimer. Ou d'autres troubles spécifiques : enfants hyperactifs, autistes, adultes handicapés après un accident vasculaire cérébral ou un traumatisme crânien.
Mais le Cen Stimco s'intéresse aussi aux personnes en bonne santé, avec le développement de programmes de gestion du capital cognitif des salariés en entreprise; la neuropédagogie, c'est à dire tout ce qui va permettre d'améliorer les performances cognitives de l'enfant; ou encore les méthodes d'entraînement cérébral.
Le Cen Stimco a été créé à l'initiative de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), en partenariat avec l'université Paris-Descartes, l'hôpital Broca (Paris), l'université de Bretagne-Sud (Vannes), le Gérontopôle de Toulouse, l'université Paul Verlaine (Metz) et l'université de Bourgogne (Dijon).
Il organisera le premier Congrès de stimulation cognitive en mai à Dijon.
(©AFP / 17 janvier 2012 05h18)
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