Déclin cognitif dès 45 ans ?
Un article du très célèbre British Medical Journal est sorti en ce début 2012 avec pour titre: Timing of onset of cognitive decline: results from Whitehall II prospective cohort study. Des chercheurs de Londres, Paris, Oxford et Montpellier concluent avec grand bruit que le déclin cognitif serait présent dès 45 ans, le tout sur une cohorte de plus de 7000 participants, 3 évaluations entre 1997 et 2009.
L'étude a porté sur l'évaluation de la mémoire (rappel libre), du raisonnement (Alice Heim 4-I), du vocabulaire (Mill-Hill) et des fluences phonémiques (S) et sémantiques (Animaux).
Toutes les fonctions cognitives, à l'exception du vocabulaire, ont décliné dans les différentes tranches d'âges (45-49, 50-54, 55-59, 60-64, et 65-70).
Ces résultats seraient sans appel ? Pas pour Lilliane Manning qui s'est fendu, trois jours plus tard, d'un article en ligne sur la question: Non, notre déclin intellectuel ne commence pas nécessairement à 45 ans. Elle conclue son intervention en rappelant la mise en garde de Martial Van der Linden,quant à la « médicalisation » actuelle du concept de vieillissement.
Atlantico : Que pensez-vous de ce chiffre ? Pourquoi déclinent-elles à cet âge ?Le chiffre de 45 ans est surprenant au moins pour deux raisons. Le déclin des fonctions cognitives pour tous, à partir de 45 ans, ne semble pas compatible avec des données qui montrent que 50 à 55% de personnes qui atteignent le bel âge de 95 ans, n’ont pas la maladie d’Alzheimer. Un demi-siècle de déclin cognitif serait donc compatible avec un fonctionnement mental normal pour au moins la moitié de personnes !
La deuxième raison est une observation personnelle qui résulte de ma pratique clinique : le temps de réaction, à savoir la vitesse avec laquelle se déroulent nos actions (par exemple, les réponses à un test), varie avec l’âge et est extrêmement sensible aux lésions cérébrales. Les patients cérébro-lésés peuvent avoir –par exemple- un raisonnement préservé quoique ralenti. On doit, ainsi, proposer des tests de raisonnement (ou de toute autre capacité cognitive comme la mémoire, la compréhension, la perception, etc.), qui ne comportent pas une limitation de temps pour être réalisés, car si le patient est ralenti, il échouera au test, mais cet échec ne traduira pas une absence de capacité!
Je peux, à présent, faire le lien avec l’article publié le 5 janvier 2012 dans le très célèbre et très lu British Medical Journal, publication qui est à l’origine de cette conclusion sur le déclin des capacités cognitives à partir de 45 ans. Les tests présentés aux participants dans cette recherche ont tous une limitation de temps d’exécution (une minute pour des tests de fluence phonologique, 2 minutes pour un test de mémoire, 10 minutes pour un test extrêmement complexe évaluant le raisonnement verbal et mathématique et comprenant 65 éléments dont le niveau de difficulté est progressif). Dans tous ces tests, les résultats mettent en lumière une baisse de performance que les auteurs interprètent comme un déclin. Un dernier test, cependant, qui lui concerne le vocabulaire, est le seul à ne pas avoir une limitation de temps de réalisation. Or, aucun déclin n’est constaté à ce test. Je traduis et cite le paragraphe : « Les résultats à tous les tests, sauf Vocabulaire, ont montré un déclin significatif dans toutes les catégories d’âge, tant chez les hommes que chez les femmes… ».
Lisez la suite sur Antlantico : http://www.atlantico...5.html?page=0,0
Vous pouvez également télécharger l'article du BMJ qui est en Open Access: Dugravot - 2012 - Timing of onset of cognitive decline results from Whitehall II prospective cohort study.pdf
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