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La psychanalyse à l’épreuve de l’autisme


L'association Autistes sans frontières vient de publier un documentaire militant sur la situation de la prise en charge des autistes en France, en opposant pédopsychiatres et psychanalystes français d'un coté, scientifiques et associations de familles de l'autre.

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J'ai visionné ce documentaire que je vous propose en une seule vidéo. Sophie Robert, la journaliste à l'origine de ce documentaire, nous présente un travail à mon avis partisan. Il n'en reste pas moins intéressant à condition de garder à l'esprit que les montages servent un but, celui de défendre d'autres prises en charge de l'autisme: les PECS, les méthodes ABA et TEACCH.

Si certains propos sont édifiants, je regrette les entretiens coupés (que disent les intervenants entre deux coupes ?) et les plans fixes qui alimentent très facilement l'aspect pour le moins inquiétant des intervenants qui ont été filmés.

Le message aurait gagné à propager, avant tout, l'intérêt d'une prise en charge diversifiée là où il se focalise essentiellement sur la discréditation d'un courant tout entier.

La vidéo a été retirée à la demande de la réalisatrice, dans le cadre du droit d'auteur et de l'interdiction judiciaire de diffuser l'oeuvre.

Sophie Robert nous informe que le film devrait être disponible, courant début 2014, sur sa propre web TV Dragon Bleu TV

19 Commentaires


Commentaires recommandés

ivana

Posté(e)

Je suis d'accord pour les montages, les fins de phrases sont suspectes. je travaille dans le domaine de l'autisme en tant que neuropsy, j'étais aussi entouré de psychanalistes (comme Dr Golse) J'ai rarement été confronté à des propos aussi tranchés. En tout cas l'intéret est dans la pluridisciplinarité et sur le terrain on n'a pas droit de appliquer de manière indiférenciée une seule methode qui se veut juste cela concerne aussi bien l'ABA et la psychanalyse.

P.S la video montre que des psychanalistes "vieille école"

DominiqueC

Posté(e)

Merci pour ton témoignage Ivana !

viviM

Posté(e)

Psychanalystes "vieille école", mais exerçant toujours en 2011....

c'est quand même inadmissible de se dire que des centaines d'enfants autistes n'ont toujours pas accès aux meilleurs soins possibles, que leurs progrès seront limités par l'inadéquation des suivis proposés, que leur avenir aurait pu être meilleur et que leurs parents culpabilisent encore.

Je ne sais pas si ce film cherche à "discréditer un courant tout entier", mais je crois que c'est ce genre d'initiative qui réussira à faire bouger les choses dans notre pays ou un certain lobby ...euh...courant psychanalytique fait parfois plus de mal que de bien.

Mettons-nous un peu à la place des parents. Que voudrions-nous pour nos enfants? A quoi serions-nous prêts pour leur donner le meilleur? pour faire ouvrir les yeux à nos politiques?

DominiqueC

Posté(e)

Vivi, nous n'avons pas à nous mettre à la place des parents je crois. Les professionnels que nous sommes devraient plutôt travailler à imposer une pluralité de la prise en charge comme le souligne Ivana plutôt que de dresser les intervenants les uns contre les autres.

Faire bouger les choses, ca ne se fait pas en discréditant l'autre. Imagine que l'extrême majorité de tes collègues, de ta profession, travaille dans ce champ théorique. Comment imaginer des partenariats, des passerelles, un travail identitaire si nous nous réjouissons de voir un courant tout entier se faire trainer dans la boue ?

Comme toi, je crois qu'il y a des théories bien plus pertinentes pour la prise en charge de l'autisme, même si ce n'est pas mon domaine d'expertise. Mais ne serait-il pas plus intéressant de communiquer sur l'intérêt de ces prises en charge sans autre forme de procès ?

viviM

Posté(e)

Je ne suis pas du même avis.

Cela fait des années que les familles ET les professionnels "communiquent sur l’intérêt de ces autres prises en charges", mais se trouvent face à un MUR.

Il y a bien un moment où lorsque aucun responsable ne peut / ne veut créer une porte, le seul moyen des personnes "au pied du MUR" est de l'abattre.

Je demeure une professionnelle dans mon travail, mais m'engage personnellement à défendre les droits des personnes présentant des troubles cognitifs et leur famille.

Je ne crois pas que ces deux casquettes soient incompatibles.

La France est très en retard! Les enfants présentant des TED n'ont, pour la majorité, pas accès aux droits ou aux soins dont ils pourraient bénéficier.

Reconnaitre l'autisme comme handicap cognitif ne revient pas au même que de poser un diagnostic de trouble psychique: Autant dans le type de soins proposés, la reconnaissance de handicap et les aides mises en places par la suite (scolarisation, emploi, vie quotidienne).

Les enfants concernés n'ont pas le temps d'attendre que nous fassions de longs discours "politiquement corrects", pour espérer faire évoluer les choses.

Par ailleurs, je ne pense pas que de dire que ce type d'approche psychanalytique ne convient pas à l’accompagnement des enfants autistes et de leur famille, discrédite ce courant tout entier.

Une psychanalyse peut tout a fait être intéressante.....pour d'autres.

DominiqueC

Posté(e)

Ok. Tu trouves que le documentaire est objectif, qu'il ne caricature personne et que le montage est en dehors de tout soupçon. C'est la richesse de ce forum la diversité des points de vue. Puisque tu es active au sein de la ffpp, outil de rassemblement de toutes les psychologies, peut être serait il intéressant d'évoquer ce mur à abattre auprès des collègues qui travaillent avec d'autres orientations que la tienne. Le débat y gagnerait surement non ?

viviM

Posté(e)

J'espère que c'est une caricature.

Je pense effectivement que notre profession doit se rassembler.

J'ai envie de faire confiance aux psychologues et à notre code de déontologie.

Encore une fois, je pense que la psychanalyse peut être intéressante pour certaines personnes.

Mais je reste persuadée qu'elle ne doit pas constituer le suivi principal d'un enfant avec un trouble neuro-développemental.

Ceux qui me connaissent bien (au sein de la FFPP ou ailleurs) savent que je ne me cache pas pour évoquer ces questions là.

Je ne pense pas que c'est mettre en péril qui que ce soit que de dire que certaines prises en charges ne conviennent pas à certaines populations.

viviM

Posté(e)

Interview de la journaliste ayant réalisé ce documentaire.

http://www.dailymotion.com/video/xlbjdc_itw-de-sophie-robert-par-autisme-info31_news

On voit qu'elle connait bien son sujet.

Elle dit avoir étudié la psychanalyse pendant 20 ans.

Elle dit également avoir encore beaucoup d'autres choses à diffuser sur le thème "autisme et psychanalyse".

Plus je me penche sur ce documentaire, plus je pense qu'il ne cherche pas à "trainer dans la boue" les psychanalystes.

Il cherche juste à montrer clairement leur interprétation de l'autisme et leur rôle auprès de ces enfants.

Ils ne sont tout simplement pas là pour "soigner".

Auprès de ces enfants qui doivent "se libérer de leur mère" selon eux, ils attendent qu'il se passe qqchose.

AngeleB

Posté(e)

Je suis en train de regarder ce reportage mais franchement j'arrive pas à comprendre. Souvent les psychanalystes évoquent que l'enfant fantasme ceci ou cela vis à vis de sa mère et réciproquement. Mais sur quoi une telle interprétation se fonde t-elle ? On dit par exemple que le bébé se perçoit comme le phallus de sa mère, qu'il ne se perçoit pas comme être distinct. On le sait comment ça ? Comment on arrive à une telle conclusion ?

Bon...on dira surement que je suis résistante ^^ Je n'adhère pas du tout à ces théories que je trouve vieillottes pour être honnête et peu intégratives.. et tellement misogynes (la phrase : la femme c'est la nature et l'homme la culture m'a scotchée sur place) et culpabilisantes.

Je conçois néanmoins qu'il faut de tout pour faire un monde et qu'une grille de lecture psychanalytique, peut être un peu moins tranchée que les avis rapportés ici (au secours le montage), peut être un apport intéressant couplé à d'autres pratiques.

Ce qui m'a fait rire par contre c'est le stréréotype dy psychanalyste dans un fauteuil confortable en cuir et sa petite photo de freud dans la bibliothèque. Du coup j'imaginais quel était le stéréotype du neuropsy... un professionnel avec un chrono autour du cou dans un fauteuil multi fonctions et sur la bibliothèque une photo de Phinéas Gage ?

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DominiqueC

Posté(e)

Merci pour l'info. Cela ne m'étonne pas et d'une manière générale, j'espère que les plaintes aboutiront. Trop souvent les journalistes s'assoient un peu facilement sur leur éthique en coupant et montant des propos pour construire ce qu'ils sont venus chercher. Les informations regorgent de cas de personnes qui, sous pretexte qu'elles ont signé un papier, ne peuvent rien dire ou faire alors que le sujet du reportage est en opposition totale avec ce qu'on leur avait présenté.

Dire que les images parlent d'elles mêmes est désolant tant il est facile (et démontré) de faire dire tout et son contraire avec quelques plans...

viviM

Posté(e)

Pour continuer sur ce sujet.

http://pangolia.com/blog/?p=918

Interview de sophie ROBERT de 32 minutes (franchement elle explique bien les choses.

Pensez-vous que les psychanalystes soient "en guerre" contre nous?

DominiqueC

Posté(e)

Ainsi qu'un document plus récent de l'APS2P. Son président espère, je cite:

nous espérons que chacun pourra se faire sa propre opinion pour ne pas se laisser uniquement guider par la passion

Le communiqué de l' Association des Professionnels des Secteursde Pédopsychiatrie Nord/Pas de Calais: http://tinyurl.com/7uhokmx

DominiqueC

Posté(e)

La justice vient de condamner le documentaire:

Un jugement sans précédent et dont l'avocat des plaignants, Me Christian Charrière-Bournazel, « espère qu'il fera jurisprudence » :

« Je ne vois pas au nom de quelle conception intégriste de la liberté d'expression, quelqu'un déforme le sens des propos. Ca s'appelle un dol, une tromperie ».

Sophie Robert est condamnée à leur verser un total de 19 000 euros, et à retirer les (longs) extraits des interviews du film, ce qui entraîne l'impossibilité de le diffuser en l'état. La réalisatrice et productrice devra également payer 9 000 euros pour la publication du dispositif de la décision dans trois revues choisies par les plaignants, et 6 000 euros pour les frais de justice.

http://www.rue89.com/2012/01/26/autisme-le-documentaire-le-mur-condamne-par-la-justice-228785

LiliPho

Posté(e)

Il n'empêche que, quelque soit le montage, être capable de dire "l'inceste paternel c'est pas grave ça rend juste les filles un peu débile" est totalement inadmissible!

Si autant de personnes se sont reconnues dans ce documentaire, parents comme professionnel (j'ai tenu 20 minutes la première fois, je me disais que je connaissais déjà la suite, "l'émergence du désir" combien de fois l'ai-je entendu!) , ce n'est tout de même pas un hasard sorti de nulle part vous ne croyez pas?

DominiqueC

Posté(e)

Je suis bien d'accord avec toi LiliPho sur l'aberration des propos. Ce qui ne l'est pas moins, c'est de faire l'amalgame entre les propos de ces intervenants et les pratiques de milliers de collègues qui s'inspirent, entre autres, de la psychanalyse. Ca me pose problème. On pourrait faire exactement la même chose avec la neuropsychologie, avec le comportementalisme type ABA, avec les TCC en interrogeant des extremistes et en faisant en sorte que l'on pense qu'ils sont l'exacte reflet de tous ces courants. Le procédé m'embête toujours autant.

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