Quel point commun entre un grand huit et un oreiller ?
C'est un fait... je déteste ce genre de manège à sensations ! Pas facile à faire comprendre aux amis à qui on ne veut que du bien... L'excellent Neurocritic a mis en perspective les implications neurologiques d'un grand huit et... d'une bataille de polochons ! Il fallait le faire
Dodonpa est un grand huit Japonais de 52 mètres de haut, développant une accélération de 172km/h en 2 petites secondes...
style="margin: 4px 10px 6px 4px; box-shadow: 1px 1px 10px #555">Fukutake et al. (2000) ont publié un article dans lequel ils présentent le cas d'une jeune femme de 24 ans, amatrice de ce genre de loisirs. Celle-ci est monté dans trois manèges de ce genre au cours d'une journée (deux tours par manège).
Les maux de tête ont débuté sur la route du retour. La jeune fille se fit hospitaliser après 4 jours de maux de tête persistants, principalement occipitaux.
L'évaluation neurologique était alors normale. Les pupilles symétriques et réactives à la lumière, il n'y avait pas d'œdème papillaire ou d'hémorragie rétinienne. La formulation sanguine était normale. Une migraine de tension a été diagnostiquée et un myorelaxant introduit pour 4 semaines. Malgré ceci, les maux de tête étaient toujours fluctuants et persistants.
Deux mois plus tard, une IRM révéla l'origine organique du problème avec deux énormes hématomes sous duraux (l’hématome sous-dural (HSD) est une collection de sang entre la dure-mère et l’arachnoïde).
Les neurochirurgiens ont retiré les hématomes et les maux de tête de la patiente disparurent. Elle ne présenta plus aucun symptôme 8 semaines après l'intervention.
Figure (Fukutake et al., 2000). T1-weighted MRI of the head showing bilateral subdural hematomas with neomembranes.
La suite du billet fait toute la subtilité du propos... Car nous serons tous d'accord (ou presque) sur la dangerosité d'un grand huit. Mais est-ce que cette dangerosité "tient" face à une bataille d'oreillers ? Des chercheurs ont durement travaillé sur la question: Pfister et al., Am J Forensic Med Pathol. 2009 Dec;30(4):339-45.
Ces chercheurs ont comparé trois conditions : le grand huit, l'accident de voiture et la fameuse bataille d'oreillers.
L'un des résultats est assez inattendu :
The highest level of rotational acceleration was measured during the pillow fight. Interestingly, the pillow fight generated peak head accelerations and velocities greater than the 3 roller coaster rides.
La bataille de polochons plus dangereuse encore que le grand huit ? Ca pourrait en faire réfléchir plus d'un(e) non ?
Les chercheurs préfèrent orienter leur réponse d'une autre manière et conclurent que dans ce cas, le grand huit ne présente pas de risque plus marqué d'un traumatisme cranien que n'importe quelle activité "banale"...
C'est vrai que pour ma part, je fais des batailles d'oreillers presque quotidiennement.... On ne vit définitivement pas dans le même monde que les américains !
Fig.2 Illustration gratuite et inutile d'une bataille d'oreillers
Références :
http://neurocritic.blogspot.com/
Fukutake T, Mine S, Yamakami I, Yamaura A, & Hattori T (2000). Roller coaster headache and subdural hematoma. Neurology, 54 (1) PMID: 10636168
Pfister, B., Chickola, L., & Smith, D. (2009). Head Motions While Riding Roller Coasters The American Journal of Forensic Medicine and Pathology, 30 (4), 339-345 DOI: 10.1097/PAF.0b013e318187e0c9
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