L'Institut national de recherche en informatique et automatique (INRIA) a mis en ligne une vidéo sur l'interfaçage cerveau et ordinateur. J'en profite pour réagir sur la question des robots autonomes, concept différent mais qui reste très complexe pour le grand public. Il m'est souvent arrivé, lors de soirées entre amis, d'entendre des choses comme "de toute manière, on saura bientôt faire des robots plus intelligents que les êtres humains" ou "on va être remplacé, c'est sûr...", des formes d'interpellations un peu anxieuses... pour le moins

Personnellement, je ne manque jamais de rassurer mes amis en basant ma réflexion sur quelques arguments : style="margin: 4px 10px 6px 4px; box-shadow: 1px 1px 10px #555">

-le plus puissant d'entre eux : les spécialistes et principalement les neuropsychologues et neuroscientifiques ne savent que très peu de chose sur la manière dont le cerveau produit la cognition. Compte tenu de l'absence de modèle clair et définitif, comment envisager que des ingénieurs puissent transformer la pensée en code numérique ? Je gage que nous sommes encore loin de pouvoir modéliser l'esprit humain.

-j'aime prendre l'exemple de notre code ADN : on pensait qu'avec cette connaissance entre les mains, le secret de la génétique se révèlerait à nous. On sait aujourd'hui qu'il n'en est rien et que même avec ce dictionnaire en poche, la complexité du vivant garde en elle de quoi faire obstacle à la recherche. Je pense que la cognition nous réserve le même sort !

-On me rapporte souvent les progrès japonais qui dépensent sans compter sur ces questions de robots. Je ne peux pas dire que je lis tout ce qui se fait sur la question mais je ne manque jamais de m'arrêter sur une information de ce type. Ce que je peux en dire, c'est que les japonais travaillent sur deux types de projets très différents à mon sens :

>le mimétisme de l'apparence humaine : comment rendre un robot le plus ressemblant possible à un être humain. Il est clair que les progrès sont énormes et que les robots actuels arborent une apparence qui peut même être attractive ! Mais... il ne faut pas 1 seconde à l'esprit humain pour s'apercevoir que le visage que l'on scrute n'est en rien humain. Et je dis que nous ne serons jamais capables de faire mieux. Pourquoi ? c'est tout l'esprit humain qui s'exprime à travers les mimiques du visage, il y a de l'espièglerie dans le regard, de la colère, de l'envie, des choses que nous ne savons pas modéliser mais tout juste singer. Nous savons qu'une personne en colère fronce les sourcilles, tend les muscles de sa peau, etc. Mais en demandant au robot de procéder ainsi, nous n'obtenons pas la colère mais tout au plus, le masque de la colère.

>le mimétisme musculaire : là, les choses sont très très convaincantes ! les robots sont de plus en plus souples, rapides, forts et il existe des vidéos très impressionnantes sur la dextérité de certains robots. Il ne fait aucun doute qu'ils nous ont déjà dépassé sur ce plan. Il n'en reste pas moins que l'action, seule, ne fait pas un homme.

-Là où je crois que nous allons réellement faire de grands progrès, c'est justement dans ce qui est rapporté par Maureen Clerc : l'interface cerveau ordinateur. Il n'y a pas besoin de savoir comme la cognition se met en marche pour la câbler à un ordinateur. Le fait de penser produit un pattern d'activation neuronale et ce pattern peut être à lui seul un code susceptible d'être décrypté par l'ordinateur. Les perspectives se font déjà sentir, des vidéos circulent sur l'interface "cerveau-fauteuil roulant" par exemple ou encore l'interface "cerveau-bras mécanique".

Un jour, il ne fait pas de doute pour moi que les deux visions se rencontreront et donneront naissance à des applications vitales pour l'homme : déplacement dans des milieux où l'homme ne peut survivre, je pense aux flammes, à des espaces soumis à de fortes pressions, à des endroits à haut risque d'explosion, etc.

L'interface homme machine est peut être moins "sexy" que le robot autonome mais clairement beaucoup plus réaliste et intéressant sur le plan des applications possibles dans le quotidien. Du peu que je puisse me permettre de le dire : rassurez-vous, le mythe du robot doué de sa propre intelligence n'est pas encore né et ne devrait pas voir le jour d'ici peu !