Mémoire -enquête sur le business de la peur
France 2 a réalisé une enquête sur ce que les journalistes ont appelé : le business de la peur ou l’incroyable développement des jeux/tests mémoires, des coachs mémoires, de la pharmaceutique mémoire. Déjà en ligne sur Dailymotion, c’est l’occasion pour les retardataires de jeter un œil à cette vidéo.
Pour ma part, j’ai trouvé que le reportage était plutôt bien fait, le titre ne laissant que peu de doute sur les idées des journalistes. Business... peur... deux termes qui s’assemblent à merveille dans de nombreux aspects de nos vies.
Nous avons de la chance qu’ils aient été chercher Alain Lieury pour souligner, avec simplicité, les duperies de ce marché. Pour ma part, je regrette juste un peu la dernière intervention sur la consultation mémoire. Des choses très justes ont été dites, mais le reportage fait passer l’idée qu’une seule consultation permet de s’assurer de l’absence de maladie neurodégénérative. Or, bien souvent, il n’en est rien. C’est un processus qui nécessite un suivi, des évaluations successives et c’est là tout l’apport de la consultation mémoire : pouvoir accompagner ces personnes dans leur plainte cognitive. Il est établi qu’un patient qui présente une plainte, même sans trouble avéré, est déjà une personne plus à risque de développer une maladie neurodégénérative. Dans ce sens, il convient de rester très prudent après une seule consultation, quand bien même il s’agit d’une hospitalisation de jour.
Je ne sais pas pour vous, mais cette question de ce qu’il y aurait à faire pour prévenir la maladie revient de plus en plus, preuve que le marché fait « bien » son travail. J’ai pour habitude de dire, comme le souligne très justement la gériatre, que c’est le plaisir que l’on retire des choses qui alimente le mieux le cerveau. Inutile de s’astreindre à lire si on n’a jamais lu, de faire des mots croisés si l’on n’aime pas les mots, etc.
Rire, sortir, rester au contact de ses proches, garder un esprit curieux, soigner son réseau social sont des traitements bien plus puissants que ce que peut offrir n’importe quelle entreprise. En résumé, il faut continuer à garder un pied dans la vie. En disant cela, on se rend bien compte que ce suivi « mémoire » implique souvent bien plus que l’unique approche neurologique ou psychométrique. La place du psychologue prend, d’un coup, une autre dimension !
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